Albert le mulot
ou les tribulations d'un nuisible
Ayant supporté toute une décennie
Chez moi, dans mes recoins, sous mon plancher
La présence désastreuse d'une colonie
De joyeux mulots n'pensant qu'à manger
Mon pain, mon beurre, bref tout's mes provisions
Aux lois d'l'hospitalité contrev'nant
Un jour je pris la triste décision
D'les décimer en les empoisonnant
Les petits fûtés négligèrent le blé
Qui les aurait fait périr, pas de doute
Leur finesse d'ailleurs, j'avoue m'a troublé
Ils continuaient à ronger mon casse-croûte
Leur présence m'était presqu'invisible
J'les recensai en comptant leurs p'tites crottes
Quand un jour, un de ces charmants nuisibles
S'enhardit hors de sa petite grotte
Alors manoeuvrant comme un maquignon
Sous mon nez, il entreprit d'me voler
Quelques miettes qui me restaient d'un quignon
" Un jour j't'aurais petit écervelé !"
J'le surnommais Albert tout en f'sant un piège
De quelques graines au fond d'un litron
D'un entonnoir à la place du liège
Y m'fallait pour l'exemple un d'ces poltrons
Albert le mulot voulut se mettre à table
Le grain sentait bon et il avait faim
Mais le piège était inévitable
Prisonnier, au fond d'ma bouteille de vin
L'intrépide s'était épuisé
Tout un'nuit pour atteindre l'étroit goulot
Puis était tombé, ses p'tites dents usées
A ronger le verre en vain, pauv'mulot
Devant le spectacle de l'animal
Pris au piège, à l'article de la mort
Aux larmes que ma compagne cachait si mal
Moi le bourreau, je fus pris de remords
"Tant pis pour l'exécution ma jolie
J'le gracie, lui épargne le couperet"
Lors, au lieu d'nous coucher et nous mettre au lit
Nous partîmes relâcher Albert en forêt
Hélas ! en zoologie nos connaissances
Avaient leurs limites, sous la ramure
Pour manger aurait-il la moindre chance
De dégoter un épi de blé mûr ?
Albert le mulot, comme tout un chacun
Hésita devant tant de liberté
Mais il était vaillant, c'était quelqu'un
Alors, et ce en toute légalité
Notre petit rongeur, dans le sous-bois
Soudain s'en fût, fugace com'l'éclair
Epargnez la p'tite bête aux abois
Seigneur hibou, en ces lieux grand clerc
Souffrez sa présence dans votre fief
Ce rat des champs, chez vous, c'est un migrant
C'est un réfugié, gardez vos griefs
Tolérez-le, vous n'en serez pas moins grand.
Ayant supporté toute une décennie
Chez moi, dans mes recoins, sous mon plancher
La présence désastreuse d'une colonie
De joyeux mulots n'pensant qu'à manger
Mon pain, mon beurre, bref tout's mes provisions
Aux lois d'l'hospitalité contrev'nant
Un jour je pris la triste décision
D'les décimer en les empoisonnant
Les petits fûtés négligèrent le blé
Qui les aurait fait périr, pas de doute
Leur finesse d'ailleurs, j'avoue m'a troublé
Ils continuaient à ronger mon casse-croûte
Leur présence m'était presqu'invisible
J'les recensai en comptant leurs p'tites crottes
Quand un jour, un de ces charmants nuisibles
S'enhardit hors de sa petite grotte
Alors manoeuvrant comme un maquignon
Sous mon nez, il entreprit d'me voler
Quelques miettes qui me restaient d'un quignon
" Un jour j't'aurais petit écervelé !"
J'le surnommais Albert tout en f'sant un piège
De quelques graines au fond d'un litron
D'un entonnoir à la place du liège
Y m'fallait pour l'exemple un d'ces poltrons
Albert le mulot voulut se mettre à table
Le grain sentait bon et il avait faim
Mais le piège était inévitable
Prisonnier, au fond d'ma bouteille de vin
L'intrépide s'était épuisé
Tout un'nuit pour atteindre l'étroit goulot
Puis était tombé, ses p'tites dents usées
A ronger le verre en vain, pauv'mulot
Devant le spectacle de l'animal
Pris au piège, à l'article de la mort
Aux larmes que ma compagne cachait si mal
Moi le bourreau, je fus pris de remords
"Tant pis pour l'exécution ma jolie
J'le gracie, lui épargne le couperet"
Lors, au lieu d'nous coucher et nous mettre au lit
Nous partîmes relâcher Albert en forêt
Hélas ! en zoologie nos connaissances
Avaient leurs limites, sous la ramure
Pour manger aurait-il la moindre chance
De dégoter un épi de blé mûr ?
Albert le mulot, comme tout un chacun
Hésita devant tant de liberté
Mais il était vaillant, c'était quelqu'un
Alors, et ce en toute légalité
Notre petit rongeur, dans le sous-bois
Soudain s'en fût, fugace com'l'éclair
Epargnez la p'tite bête aux abois
Seigneur hibou, en ces lieux grand clerc
Souffrez sa présence dans votre fief
Ce rat des champs, chez vous, c'est un migrant
C'est un réfugié, gardez vos griefs
Tolérez-le, vous n'en serez pas moins grand.
1 Comments:
C'est une histoire vraie, le mulot a bien été libéré en forêt, je n'ai plus la date en tête mais je vais demander à ma compagne qui cachait si mal ses larmes.
Enregistrer un commentaire
<< Home